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Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 08:21
par melano
Bonjour,

Par curiosité, j'ai placé lors du dernier épisode de pluie un pluviomètre dans l'inter rang et un autre sous un chêne vert de 9 ans.

Il est tombé 50 mm en une semaine dans celui placé en lieu ouvert et je n'ai récolté que 12,5 mm dans celui placé sous la frondaison.

75 % de l'eau a donc été interceptée ou déviée par le feuillage. Pour savoir si l'eau était quand même revenu par capillaire depuis l'extérieur, j'ai fait une tranchée sous cet arbre profonde de 25 cm.
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IMG_20170919_19386.jpg (91.72 Kio) Consulté 5122 fois
Sur le pourtour, tout va bien, l'eau est rentrée sur toute la profondeur. En revanche, à demi frondaison, en dessous de 15 cm, le sol est sec. La terre forme des blocs compacts dans lesquels l'eau n'est pas arrivée. Ils apparaissent plus clairs sur la photo.
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IMG_20170919_5340.jpg (49.45 Kio) Consulté 5122 fois
Donc attention, une pluie même abondante en apparence ne mouille pas forcément beaucoup la zone de production située sous la frondaison.

Fred

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 09:25
par OLIVE81
Bonjour,

C'est évident selon les essences et le mode de taille mis en œuvre, l'eau de pluie met plus ou moins de temps avant de traverser la frondaison et arriver au sol.... il faut ajouter à cela la consommation propre à l'arbre qui amplifie la pénurie bien évidemment.... un lien vers une petite fiche de l'ONF qui résume ce que peuvent être les consommations en milieu forestier

(http://www.onf.fr/gestion_durable/somma ... index.html)

.... On y apprend notamment qu'un chêne adulte non contraint peut hisser jusqu'à 200 l d'eau par jour jusqu'à sa cime en milieu tempéré.
La capillarité a ses limites, en effet.... faut-il pour autant en tirer des conclusions sur la façon d'arroser ??? La question est ouverte.... n'oublions pas que les champignons sont justement là pour augmenter la capacité de captation de l'arbre.

Olive

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 09:42
par tuber01
le plus gros effet vient aussi de la pente (ou pas) du terrain.

autre chose : sur un organisme comme la truffe qui s'étend sur plusieurs m2 (et idem pour l'arbre) , l'absence d'eau ici est compensée par la présence là , car l'eau circule via les filaments mycéliens (ou les racines).

Seb

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 10:03
par melano
Perso, tant que l'arbre n'est pas producteur, j'y vois un avantage. Cela crée une zone sèche favorable à melano.

Par contre, pour les ascocarpes je ne suis pas persuadé que l'eau peut arriver de loin. Sinon, on ne perdrait pas les truffes de surface avec une alimentation par le mycélium.

C'est aussi un stade où le houppier est très développé. Donc il faut être vigilant en production.

Fred

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 10:13
par stef@
Bonjour
Le réseau mycelien ou les racines j'y crois pas.
Pour moi la truffe et indépendante et je n'y vois aucun tuyau.
Donc terre sèche = pas d'eau .
Pour preuve, après avoir transplanter des truffes durant les dernièrs mois sur des arbres différents et non producteurs de truffes ces dernières sont aujourd'hui bien vivante et continue leurs grossissement.
On n'en débattra au résultat final mais franchement il est où le tuyau ?
A+ stef

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 10:39
par OLIVE81
Re

C'est clair y a pas de tuyau pour la truffe (ascocarpe)...

Il faudrait être sur qu'il y ait plus de pertes (de truffes) sous frondaison qu'en dehors j'en suis pas convaincu car la frondaison agit aussi comme une protection... il ne serait pas impossible que ça agisse comme un régulateur de l'humidité... ça nécessiterait un gros travail de suivi sur plusieurs campagnes. Avec sondes de mesures performantes dans les mêmes conditions pour se rendre compte réellement des conditions d'humidité.... Comme je l'ai dit ailleurs, j'ai pu observer que ça fonctionnait aussi dans les deux sens : cas des cistes : il faut plus d'eau pour que ça traverse mais l'humidité reste plus longtemps une fois que c'est passé.... Au niveau de l'arrosage, je pense qu'on a intérêt à arroser jusqu'au pied même quand l'arbre a atteint un certain développement.

Olive

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 10:52
par tuber01
ah bon si les choses sont claires, j'avais raté cet épisode :)
les éléments de stef@ sont en effet quasi imparables , mais je n'avais encore ces infos

Seb

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 11:53
par Michel37
OLIVE81 a écrit :
Au niveau de l'arrosage, je pense qu'on a intérêt à arroser jusqu'au pied même quand l'arbre a atteint un certain développement.

Olive
D'où l'intérêt (si possible pour ceux qui ont l'irrigation) d'avoir un arrosage en pendulaire?

Michel37.

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 12:45
par bion
Bonjour,

Dans l'idéal, le sol se comportant différemment sous et hors frondaison, il faudrait arroser différemment également ces deux zones :mrgreen:

Encore faudrait t-il connaitre précisément le taux d'humidité à conserver........s'il est uniforme et que ce n'est pas le bon: pas de production.

S'il y a une zone trop sèche, et l'autre trop humide, entre les deux il y aura une zone intermédiaire ou cela sera bon.

Michel.

Re: Interception foliaire sous truffier.

Publié : 19 sept. 2017 15:14
par JJR
Bonjour,

J'essaie de comprendre! (synthèse perso!):
Fred écrit:
"...Donc attention, une pluie même abondante en apparence ne mouille pas forcément beaucoup la zone de production située sous la frondaison..."

c'est ce que démontre cette étude (il y a des différences entre le fait que ce soit des forêts, et entre les auteurs);
https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q= ... xcEvWxZjDA

Interception pour le chêne: (Nizinski & Saugier, 1988).
"pour le chêne (Quercus petraea), les valeurs peuvent varier entre 22 (hiver) et 34 %
(été)"

"Dans son étude, Aussenac (1968) donne, pour quelques essences, la
hauteur de pluie au-dessous de laquelle toute l’eau précipitée sera intégralement interceptée:
- 0.6 mm pour les épicéas,
- 0.5 mm pour les sapins,
- 0.4 mm pour les pins sylvestres,
- 0.3 mm pour un peuplement de feuillus (hêtre / charme)."

"Dès que la pluie s’arrête, c’est tout d’abord la quantité d’eau qui est encore retenue sur le
couvert végétal qui est évaporée. Durant cette période, l’évapotranspiration de l’eau du sol
sera négligeable (Burgy & Pomeroy, 1958). Dans le cas de la neige, la chronologie des
processus sera différente du fait d’une plus grande lenteur dans son déroulement.

En d’autres termes, bien que l’interception réduise la quantité d’eau disponible pour le
ruissellement direct, son effet sur la balance hydrique saisonnière ou annuelle d’une région est
vraisemblablement faible, car l’évaporation de la partie interceptée est d’une certaine manière
compensée par la réduction de la transpiration de cette même végétation. Il n’en va cependant
pas de même pour des échelles temporelles plus fines."

D'après ces auteurs:
"La végétation constitue une protection contre l’impact des gouttes de pluie. En ralentissant cet
impact elle favorise l’infiltration, l’augmentation étant la plus forte pour des végétations
recouvrant complètement le sol (Bruce & Clark, 1969)"

"Pour résumer, sous un couvert végétal l’infiltration est favorisée du fait (Consuegra et al., 1985)
- du ralentissement de l’écoulement,
"- de l’augmentation de la perméabilité et de la porosité du sol par les racines,
- de la réduction des phénomènes liés à l’impact des gouttes de pluie sur le sol"

Bruce & Clark, 1969:
"La diminution de la capacité d’infiltration d’un sol durant une pluie intense est le résultat de
plusieurs facteurs, à savoir
- le tassement de la surface du sol par la pluie,
- le gonflement du sol qui va fermer les ouvertures au travers desquelles l’infiltration
aurait pris place par gravité,
- le lessivage des matériaux fins et des colloïdes dans les ouvertures du sol"

Ce qui voudrait dire que c'est sur la durée (+ la partie qui s'évapore au contact des feuilles) que le sol sera mieux arrosé dans le cas de pluie fine!!

Autre paramètre:
"Selon Neal (1938), en dessus de 16 %, l’effet de la pente sur le taux d’infiltration devient
négligeable."

Autre avis:
Fred a écrit"...Perso, tant que l'arbre n'est pas producteur, j'y vois un avantage. Cela crée une zone sèche favorable à melano..."
Même avis, dans le sens où le coté "forêt" (humidité,voire humique) se développe moins; limite donc les concurrents;
JJR24