Lu ce matin dans le MIDI LIBRE
Édition du jeudi 23 décembre 2010
DR
Polémique« Un problème de sécurité dans les truffières »
Quelle est votre réaction après le drame de Grignan (Drôme) où un trufficulteur a tué un voleur présumé ?
Pour le moment, j'attends d'avoir plus d'éléments, plus d'informations précises sur cette affaire pour donner mon avis. Je tiens à rester très prudent.
Y a-t-il un problème de vols de truffes chez les producteurs ? C'est un problème récurrent et cela fait des années que l'on en a conscience. Ce qu'il faut savoir, c'est que derrière un kilo de truffes à 800 ou 1 000 , il y a 10 ou 20 ans de travail et d'attente. Il y a une valeur au-delà de l'aspect financier. Les trufficulteurs sont excédés quand ils sont volés. Moi, j'ai toujours eu peur que cela dérape... D'ailleurs, ce qui s'est passé dans la Drôme a failli se produire dans le Gard il y a trois ou quatre ans, où un drame a été évité de peu.
Comment expliquez-vous cette situation ? Le temps où les gens trouvaient des truffes dans la campagne est à peu près révolu. Nous, les trufficulteurs, nous arrosons pour obtenir une production. Et puis il faut dire que le système commercial actuel participe du problème : les voleurs peuvent vendre en toute impunité sur le marché de gros. Il y a quelques courtiers qui achètent ces truffes en connaissance de cause. Et ça, je le condamne fermement depuis longtemps. Il y a tout un tas de choses à faire évoluer dans le monde de la truffe, réputé très confidentiel. Et cette confidentialité nous fait plus de mal qu'elle nous protège. Cette filière doit être organisée avec le concours des pouvoirs publics.
À l'échelle du Gard, comment ripostez-vous ? On s'est engagé depuis des années dans une réflexion globale sur la sécurité des truffières. On a mis en place un système de cartes municipales qui permettent de mieux contrôler les mouvements des gens qui cherchent des truffes, entre domaines public et privé. On encourage les trufficulteurs à se tourner vers la justice ; les empêcher quand ils sont excédés d'en arriver à ces extrémités-là, à surveiller leurs truffières avec un fusil... Car rien ne peut justifier ce qui s'est passé : c'est un discours qui ne fera pas plaisir à tout le monde, mais c'est le mien.
Recueilli par Richard BOUDES
rboudes@midilibre.com