mycorhization sur le long terme

Pour discuter comme au bistrot notamment de ce qui ne touche pas trop la truffe.

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melano
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par melano »

Bien compliqué de prévoir l'avenir mais la question est intéressante.

Une chose est sûre, c'est que le pas de temps des champignons et des racines n'est pas le notre.

Le statut mycorhizien d'un racine comporte des centaines de champignons différents.
L'arbre entretien le plus souvent avec soin son microbiote racinaire en libérant des substances pour le protéger, le nourrir.
L'arbre va sans doute orienter la présence des différentes espèces en fonction de ses besoins et du milieu.

La truffe mélano n'est absolument pas nécessaire pour lui pour vivre car il peut très bien la remplacer par d'autres champignons. Et sans doute très très vite (quelques semaines?). Mélano va subsister sur le racinaire mais dans des proportions très faibles incompatibles avec la fructification qui nous intéresse.

Tout le défi est de placer l'arbre dans une situation où mélano représente le meilleur outil pour lui pour subvenir à ses besoins. Auquel cas, il va la favoriser. Mélano est elle même capable d'inter agir avec l'arbre et son milieu pour le modifier à son profit.

On sait que ça marche de manière assez stéréotypée sur un système jeune en employant les méthodes dont on discute ici mais qu'inexorablement, lorsque le système vieillit, la production de mélano s'arrête remplacée ci par brumale, là par aestivum ou d'autres champignons.

Donc il y a deux niveaux de questionnement à avoir :
- sur plantation jeune quels seront les impacts des changements climatiques ?
- sur truffière âgée quel sera l'impact sur le cortège fongique vieillissant ?

Fred
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tuber01
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par tuber01 »

à priori du sec est plutôt favorable à mélano qu'à d'autres champignons.
mais surement jusqu'à un certain point ... où tout va crever !

Seb
contrairement au doute, seule la certitude rend fou
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melano
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par melano »

Il existe des moyens d'économiser l'eau dans les coins où elle est rare. A l'aide de paillages, on limite l'élévation des températures et l'évaporation. Mais c'est beaucoup de manutention.

Fred
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l'inquiet84
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par l'inquiet84 »

melanotricastine,l'année dernière un arbre a ouvert pourtant sans apport d'eau.Je n'arrose que ceux qui font ou qui ont fait, car à la cuve je ne m'en sortirais pas .
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par stef@ »

Et surtout avec un vent 50km heure faut du courage pour maintenir les paillages en place 😰
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melano
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par melano »

Dans le sud-ouest, c'est vrai qu'on n'a pas le mistral. Toutefois, chez moi, entre le 20 juin et le 20 septembre, j'ai pris moins de 40 mm en trois mois. Et on a pris deux épisodes caniculaires avec des températures supérieures à 40 degrés.

Sous les paillages, j'ai des marques même au sud des arbres alors que sur des arbres non paillés et arrosés au même rythme que les autres, je n'ai pour le moment vu aucune marque (environ 75 arbres paillés et arrosés contre 130 non paillés mais arrosés).

Donc chez moi, le paillage ça marche. Les anciens ne coupaient pas des branches pour les mettre sur les places productives chez vous aussi?

Fred
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par yann30 »

Bonjour 👋.
C’est vrais que dans la vallée de Rhône c’est dur de faire un paillage. Moi j’ai opté avec le conseil d’un ancien de mettre des pierres calcaire plate pour garder la fraîcheur.... a voir!! Et quand pensez-vous ?
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melano
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par melano »

Dimanche, j'en sors 250 grammes, la moitié en surface, l'autre moitié de truffes très profondes dans le dur. Donc pour le moment, c'est autant les truffes profondes que celles du surface qui claquent.

Il n'est pas impossible que les paillages permettent de sauver les truffes de marques en effet très tôt en saison. Mais si j'en mène au bout 75%, dans le panier, elles comptent comme les autres. Certains préfèrent ne pas pailler et les perdent. Libre à eux de se permettre de perdre des truffes au premier coup de chaleur alors qu'il existe une solution pour les sauver.

Le paillage en ce moment vient en complément d'une protection d'une butte de terre qui permet elle aussi de protéger les truffes. Chaque fois que je vois une marque, j'ai mon seau avec ma mixture et je fais une protection à la truffe. Avec ce système, on en mène quand même beaucoup au bout.

Sous ces arbres, il y a aussi des truffes plus profondes qui passent inaperçues à la marque mais qui bénéficient aussi des effets bénéfiques du paillage. Mais cela demande un travail de tous les instants pour gérer les paillages. Je comprends que certains n'aient pas le temps de s'en occuper. Mais ça permet déjà d'avoir des truffes au sud ce qui sans paillage chez vous comme chez nous est quasi impossible à avoir. Et cela représente 30% de la surface de production en moins à minima.

Les paillages nous servent aussi l'hiver pour nous protéger du gel. On tient 5 jours à -5 avec simple couche et sans doute plus longtemps avec double couche. Mais j'espère ne pas avoir à le vérifier cette année.

Fred
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jackyb
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par jackyb »

ce jour ramasse d'une dizaine de truffes en train de virer a la foi sous paillage et non paillage. truffière arrosée. C'est encore plus compliquer d'essayer de comprendre le fonctionnement des truffières avec ces épisodes de canicules et de sécheresses.
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melano
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par melano »

Chez nous, il y a encore 10 ans, 4 années sur 5 ça passait niveau pluie. Maintenant, c'est l'inverse : c'est compliqué 4 années sur 5.

Il est clair que l'eau va devenir le facteur limitant de la production de truffes en France. Et je dirai dans les deux sens.

Si on ne met pas assez d'eau, on n'a pas de production. Si on met trop d'eau, on accélère la fermeture du milieu et on se tire une balle dans le pied concernant la pérennité de la truffière.

Une fois qu'on aura l'eau, il faudra apprendre à gérer le sec, pour maintenir au statut mycorhizien de l'arbre une préférence pour mélano sans compromettre la production.

Produire des truffes quand on a l'eau n'est pas très compliqué. Produire des truffes longtemps dans ces conditions semble beaucoup, beaucoup moins évident.

Fred
hanc07
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par hanc07 »

Bonjour,
je crois qu'une étude est en cours sur l'effet du paillage.
A priori, les premiers résultats sont encouragent.
Un arbre paillé produit plus qu'un sans paillage.
Par contre les truffes ne sont pas forcément sous le paillage.
Une hypothèse est que l'arbre et le champignon souffre moins (des hautes températures et du manque d'eau)
Je n'ai pas connaissance qu'il y ait plus de truffe de marque, du au paillage.
Par contre qu'il y ait plus de truffe ,oui.
C'est une pratique très répandue et il me semble que les paillages sont encore plus importants dans les cas de sol superficiel et le travail du sol peu profond.
Didier
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par In and out »

bonjour
pour les paillages j'ai vu la difference entre les paillés o pas ,j'avais entre 3 et 4 degrés de moins sous les paillés,et depuis que j'applique cette méthode je trouve plus de truffes ,à moins que ce soit le hasard,je verrai ça cette année si cela se confirme mais j'en ai bien l'impression
in and out
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par jackyb »

pour info j’ai mi en route la micro aspersion dés Avril avec un arrosage par moi. Puis paillage d'une partie des brulés mi juin. il n'y a qu'en Aout que 'ai fait deux arrosages et pas sur tous les arbres car le terrain est différent pour une moitié de la truffière. on verra bien si on sauve quelque chose.
J Gravier
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par J Gravier »

Bonjour à tous,
En 2003 j'avais une truffières en pleine production, je n'ai rien remarqué, avec irrigation année normale…..
En 2008 beaucoup de truffes effectivement, mais en plaine une vraie galère à cause du trop d'eau, au final ce fut pour moi une année avec des truffes de piètre qualité, un peu comme la saison dernière.
Une irrigation bien conduite tamponne le "trop sec, trop chaud, etc..", chez moi les saisons 2015/2016, 2016/2017 , 2017/2018, 2018/2019 ont montré des rendement hectare au top…. pourtant question climatologie on a eu vraiment de tout….

Joel
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Re: mycorhization sur le long terme

Message par melano »

Bonjour,

les travaux de Franck Richard sur la forêt méditerranéenne apportent quand même des éléments de réponse intéressants. Il est allé dans une forêt de chênes verts au nord de Montpellier, il a fait des carottages et a analysé les champignons présents. Il a trouvé mélano sous forme mycélium après les racines mais qui ne représentait qu'un ou deux pourcents.

Il est revenu prélever dans la forêt dans les mêmes trous quelques années après et il a retrouvé mélano mais en plus grande quantité comme si mélano avait aimé que le sol soit remué.

La forêt a été coupée et il a refait les analyses. Là, mélano était bien plus présente (de mémoire à vérifier mais un truc comme 10%). Mélano a aimé l'ouverture du milieu.

Ca ne nous renseigne que peu sur la résistance à long terme aux sécheresses à répétitions mais les champignons peuvent persister très très longtemps dans les sols ou après les racines, même lorsque les conditions sont défavorables. Et quand les conditions du milieu redeviennent favorables, ils reprennent le dessus et fructifient à nouveau.

Pour mon exemple personnel, j'ai planté ma première plantation en 2001. En 2003, je faisais ma maison, en 2004 aussi, donc ils étaient dans l'herbe livrés à aux même. Il y a eu une succession de sécheresses ces années et ils ont tombé les feuilles, végété grave avec les chevreuils qui les plumaient à chaque pousse.

Il y a une dizaine d'années, j'ai repris la plantation et aujourd'hui environ la moitié des arbres produit mélano. Un bon quart de plus a un brûlé éloigné de l'arbre sur lequel je vais travailler pour le faire produire (découverte cette année à la faveur d'un mois d'avril chaud).

Donc les arbres n'ont pas perdu la mycorhization initiale. Ils ont capté d'autres champignons au champ mais mélano est toujours là. Et en créant les conditions favorables à la fructification, ça produit.

Fred
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