D'après Kulifaj, la réponse à tes deux questions est : oui.Philippe a écrit :Après tes lectures, penses-tu que les veines "stériles" du carpophore puissent
1/ émettre des hyphes ?
2/ Que les hyphes puissent mycorhizer une racine ?
C'est un sujet qui m'intéresse en ce moment...
"parce qu'une substance chimique présente dans les racines va induire cette germination".
Pour ma part, je pense plutôt à cette hypothèse, sans, bien sûr, écarter les autres.
Il a fait in vitro de la culture mycélienne à partir de fragment d'ascocarpes (gléba) et a observé le développement mycélien (d'ailleurs plus important avec des immatures de début de saison). Et pour cette culture à partir de fragments de gléba, il se pose la question suivante: (je cite) "Le problème qui se pose est donc l'origine du mycélium. Observe-t-on le résultat d'une germination de spores ou bien est-ce les filaments non ascogènes qui, au contact d'une source nutritionnelle, poursuivent leur croissance ?" Et il répond: "Cette deuxième hypothèse est la plus probable. Elle est admise par la totalité des chercheurs qui s'intéressent à la phase végétative de Tuber Mélanosporum." Il dit même un peu plus loin pour étayer son hypothèse : "La convergence de caractères des mycéliums issus de mycorhizes et issus de gléba permet de dire que nous nous trouvons en présence d'une reprise de croissance des filaments non ascogènes de l'ascocarpe et non d'une germination d'ascospore". Il y a donc une reprise de croissance du mycélium à priori à partir des veines stériles. Notes au passage qu'il a également réussi à obtenir des cultures mycéliennes à partir de mycorhizes. Par contre, il n'a pas réussi à obtenir de germination de spores in vitro. Donc in vitro, pas de développement mycélien observé à partir de spores.
MAIS la germination de spores a pu être visualisée au contact de racine d'un arbre hote (cistus albidus) lors de la mycorhisation de celui-ci. Il présente d'ailleurs de superbes photos de bourgeon germinatif et de tube germinatif partant d'une spore.
In vitro, pour tenter de provoquer la germination de spores, il a amené des exudats et des extraits racinaires de chênes mais aussi des extraits de sols de chênes mycorhizés. Sans succès. Il conclut en disant : "In vitro, le mécanisme d'induction de la germination de spores de truffes n'a toujours pas été élucidé et lorsque des spores germées ont été obtenues, ce phénomène s'est avéré aléatoire" (il cite alors plusieurs auteurs qui ont réussi à faires germer in vitro des spores de T. mélano mais apparemment sans que ces germinations aient pu être expliquées).
Ensuite, pour revenir sur ce qui déclenche la germination, Kulifaj dit simplement : " ... dans chaque cas de mycorhisation, que ce soit avec des spores matures, immatures ou traité à l'hypochlorite de Ca (1%), les spores au voisinage des racines sont entourées d'un "mucus" jaunâtre. Il est possible qu'il s'agisse d'exudats racinaires polysaccharidiques dont le rôle d'activateur de germination a été proposé par de nombreux auteurs ...".
Là Galistruffe a raison en disant que le rôle de ces "substances chimiques" dans la germination des spores a été démontré pour d'autres champignons mais pas pour T. mélano (puisque la plupart des auteurs auxquels fait référence Kulifaj ont surement travaillé sur différentes espèces de champignons) mais il n'est pas déraisonnable de penser qu'il peut y avoir des similitudes de comportement entre espèces proches.
Quoiqu'il en soit, Kulifaj conclut en disant : "Il est fort probable ... que la germination de spores nécessite l'intervention d'un ou plusieurs facteurs dont la nature demeure encore indéterminée".
Voilà
A+