Actu autour de la truffe

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Quercyblanc
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Re: Actu autour de la truffe

Message par Quercyblanc »

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Quercyblanc
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Re: Actu autour de la truffe

Message par Quercyblanc »

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melano
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Re: Actu autour de la truffe

Message par melano »

Sacré pari de remplacer l'unci par la mélano. Parce qu'en dehors des parcelles irriguées, je ne vois pas qui va sortir de la truffe de qualité.

Même en irrigué, on a de la boisée, alors en sec...

Fred
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bernard
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Re: Actu autour de la truffe

Message par bernard »

C'est dans ce secteur que la première mélano issue de plant mycorhizé a été récoltée, certains ont tout de même un peu d'expérience.
Dans la vie tout n'est qu'une histoire de dosage , encore faut-il avoir le courage d'oser doser !
mordoree21
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Re: Actu autour de la truffe

Message par mordoree21 »

Bonsoir Frèd,
Pourquoi seules les parcelles irriguées sortiraient de la truffe?
Il me semble au contraire que compte tenu de la pluviométrie en bourgogne, il ne sera pas nécessaire d’irriguer?
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melano
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Re: Actu autour de la truffe

Message par melano »

Bonsoir,

Je pense que tu as tronqué mes propos. J'ai dit exactement ça : "je ne vois pas qui va sortir de la truffe de qualité."

C'est le terme qualité qui est important dans cette phrase.

Avoir des couilles de chat rances, des truffes boisées ou bouffées par les limaces, c'est pas forcément impossible à avoir. Mais de la belle truffe bien développée qui arrive entière dans les paniers avec juste deux trois petits canifages (et pas en morceaux comme on peut le voir pour l'unci dans les fêtes de la truffe), j'attends de voir.

Tant mieux si certains y arrivent (et il y aura toujours un fond de vallée humide pour en faire quelques unes) mais je pense que les tonnages d'uncis issues du milieu naturel de cette année parleront d'eux même sur le potentiel de production de truffes de qualité en Bourgogne. Le climat change là aussi.

Fred
mordoree21
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Re: Actu autour de la truffe

Message par mordoree21 »

Comprends toujours pas tes propos…
Pour ma part en tout cas je pense qu’avec le réchauffement, les étés très sec (comme le ce fut le cas cette année) , les conditions seront de plus en plus favorables pour la Melano…
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melano
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Re: Actu autour de la truffe

Message par melano »

Sans irrigation non.

Fred
Paolo83
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Re: Actu autour de la truffe

Message par Paolo83 »

bonjour,

avec peu d'irrigation oui ?

Patrick
Paolo83
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Re: Actu autour de la truffe

Message par Paolo83 »

la dose juste

patrick
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clovis
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Re: Actu autour de la truffe

Message par clovis »

Pile poil :o
l'homme jeune va beaucoup plus vite que l'homme agé, mais l'homme agé connait le chemin !
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bernard
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Re: Actu autour de la truffe

Message par bernard »

J'ai reçu une étude récente de l'importance des mycorhizes en général. J'ai l'autorisation de l'auteur pour diffuser, sauf que je l'ai reçu en pièce jointe et que je ne sais pas comment faire. Puis-je l'envoyer par mail à plus doué que moi pour le faire ?
Dans la vie tout n'est qu'une histoire de dosage , encore faut-il avoir le courage d'oser doser !
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uncinat55
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Re: Actu autour de la truffe

Message par uncinat55 »

Bernard Voila ( sans les photos ) en attendant de trouver la solution car le lien donne "erreur "

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Société d'Histoire Naturelle du Pays de Montbéliard - 2022
DE L’IMPORTANCE VITALE DES MYCORHIZES DANS LA LUTTE CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
par Daniel SUGNY1 et Jean-Jacques SANGLIER2
I – Introduction
II – À la conquête des terres émergées
Il y a environ 500 millions d’années, les champignons permettaient l’établissement de plantes aquatiques sur les zones émergées, le mycélium formant des manchons duveteux entrant dans les cellules végétales et explorant l’environnement âpre pour apporter l’eau et les nutriments minéraux. Actuellement, nous retrouvons des associations similaires chez Hépatiques et Anthocérotes, groupes qui n’ont pas de racines, les parties chlorophylliennes étant colonisées par des champignons. Des dizaines de millions d’années plus tard, les plantes ont acquis des racines, maintenant cependant leurs relations avec des mycètes. Cette association a transformé la planète et son atmosphère et les champignons ont généré des réseaux d’échange de nourriture avec les plantes sur toute la Terre. L’évolution des partenariats plantes-champignons a coïncidé avec une réduction de 90 % du niveau de dioxyde de carbone atmosphérique et une augmentation du taux en oxygène permettant
1 Daniel Sugny, 14, rue Jacques Prévert 70400 Héricourt. Société Myclogique du Pays de Montbéliard et Société d’Histoire Naturelle du Pays de Montbéliard. Courriel : dsugny@laposte.net.
Questionnés sur les effets liés aux changements climatiques dans les écosystèmes, alertés par un article de T. Kiers T. et M. Sheldrake paru dans le Guardian, montrant l'importance de la prise en compte de la fonge dans la lutte contre le réchauffement climatique (Fig. 1), nous essayons de résumer au mieux les enjeux actuels. Cette synthèse est basée sur l’article du Guardian enrichie de
divers autres documents. Force est de constater que nos sociétés prennent surtout en considération la biodiversité au-dessus
Écart mensuel à la moyenne annuelle mondiale des températures pour la période 1880-2020
du sol, celle des sols n’étant que peu incluse dans ces bilans et études. Or, un gramme de sol forestier contient des millions de bactéries, appartenant à plusieurs milliers d’espèces, des milliers de micro-algues, des centaines d’espèces de champignons, un millier d’amibes, des arthropodes, tous ces êtres vivants interagissant entre eux et avec les plantes, ce qui induit le stockage de quantités considérables de carbone dans le sol. Dans ce document, nous nous limitons au domaine des champignons mycorhiziens qui jouent un rôle essentiel dans le sujet traité.
Figure 1 – évolution des températures sur terre de 1880 à 2020 (Gaudiaut T., 2021).
2 Jean-Jacques Sanglier, 3, rue de Baerenfels 68300 Saint-Louis. Société Mycologique du Haut-Rhin. Courriel : jjsanglier.esperanza@gmail.com.
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l’apparition d’autres formes de vie. Aujourd’hui, la plupart des plantes dépendent de champignons mycorhiziens qui tissent des réseaux avec les racines, fournissent aux plantes des nutriments cruciaux tels l’azote et le phosphore, les défendent contre les maladies et les relient entre elles par l’intermédiaire des réseaux partagés.
III – Échange de bons procédés
Pour limiter le réchauffement climatique, les végétaux sont nos meilleurs alliés car ils absorbent le CO2, le principal gaz à effet de serre, le stockent à l'intérieur de leurs cellules, mais aussi dans le sol. À partir de ce constat, il est primordial de prendre en considération un aspect caché mais essentiel : les vastes réseaux fongiques souterrains qui séquestrent le carbone et maintiennent une grande partie de la vie sur Terre. En effet, sur la Planète bleue, presque toutes les plantes vivent en symbiose avec des champignons, un phénomène appelé mycorhization (fig. 2). Ce type de relation "gagnant- gagnant" se noue le plus souvent grâce à l'interconnexion des racines des plantes et des mycéliums. Les champignons mycorhiziens relient les plantes entre elles via un réseau mycélien commun dans lequel les nutriments et diverses substances (protection, signal, ...) peuvent être échangés entre les différents partenaires. Ces mycéliums, qui vivent surtout dans les cinquante premiers centimètres du sol mais peuvent être présents plusieurs mètres sous terre, forment un gigantesque réseau vivant représentant entre un tiers et la moitié de la masse vivante du sol. Sa longueur atteint plus de 450 quadrillions (450 x 1024) de km, soit environ la moitié de la largeur de notre galaxie. Les réseaux fongiques constituent l’une des merveilles du monde vivant car ils assurent la cohésion des sols et permettent des échanges favorisant la croissance, voire la survie de chaque partenaire : les plantes fournissent du sucre et/ou du carbone aux champignons qui leur apportent, en retour des minéraux (phosphate, azote, ...) et permettent une absorption d’eau plus efficace. Les champignons fabriquent diverses enzymes telles des phosphatases, qu’ils exportent vers les plantes. Les réseaux mycorhiziens augmentent le volume d’eau que le sol peut absorber, ce qui réduit de 50 % la quantité de nutriments lessivés du sol par les précipitations. De plus, ils rendent les plantes moins sensibles à la sécheresse et plus résistantes à la salinité et aux métaux lourds. Ils augmentent même la capacité des plantes à combattre les attaques des ravageurs en stimulant la production de substances bioactives défensives et protectrices. Ainsi les forêts, tourbières et autres prairies forment d'immenses réservoirs naturels de carbone communément appelés "puits de carbone". Leur préservation constitue l'une des stratégies pour lutter contre le réchauffement climatique.
Comment fonctionnent les réseaux mycorhiziens (fig. 4) ? Un même arbre est souvent associé à des dizaines, voire des centaines d’espèces de champignons et chaque individu fongique peut former des mycorhizes avec plusieurs arbres (jusqu’à plus d’une dizaine). Dans la forêt corse du Fango, où n’existent que deux espèces d’hôtes symbiotiques, l’Argousier et le Chêne vert, 68 espèces de champignons ectomycorhiziens ont été identifiées en trois saisons. Ce réseau permet des solidarités : envoi de signaux et de certains nutriments vers des zones plus pauvres. Ces champignons sont majoritairement généralistes, certains préfèrant une famille d’arbres, comme les espèces du genre Suillus (S. luteus, S. granulatus, S. bovinus, S. variegatus), qui sont les compagnons fidèles des pins, d’autres étant liés à une espèce arborée (Gyrodon lividus à l’aulne, Lactarius pyrogalus au noisetier, etc.). Les réseaux mycorhiziens les plus connus sont les ectomycorhizes, qui concernent des symbioses entre des arbres ou arbustes et des ascomycètes comme les truffes ou des basidiomycètes tels les bolets, les lactaires ou les tricholomes, ces champignons étant très nombreux et pour la plupart nettement visibles à l’œil nu. Rappelons que ces champignons (bolets, truffes, etc.) ne peuvent former des "fructifications" que s’ils sont reliés à un arbre. Il existe aussi une fonge plus discrète et souterraine qui forme des endomycorhizes avec presque toutes les plantes herbacées, les arbres fruitiers et certains arbustes. Constitué d’un réseau mycélien extrêmement fin qui envahit le sol dans toutes les directions, ce type de symbiose est très performant pour nourrir les plantes. Environ 240 espèces de champignons microscopiques, qui font partie des Glomérales, forment ces endomycorhizes. D’autres types de symbioses entre plantes et champignons sont apparus au cours de l’évolution et on peut dire que les réseaux mycorhiziens concernent plus de 90% des plantes

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terrestres et jouent un rôle fondamental dans la nutrition minérale des plantes, la résistance aux maladies et la tolérance aux stress environnementaux dont la sécheresse. Ces réseaux souterrains structurent les sols et les protègent, relient les végétaux entre eux et permettent la communication et la coopération entre les plantes, principalement les arbres.
IV – Principaux types de mycorhizes
Figure 2 – schéma des différents types de mycorhizes (Agronomie.info).
 l’ectomycorhize : le mycélium entoure la racine profondément modifiée et l’enrobe d’un manteau fongique. Un réseau d’hyphes, appelé réseau de Hartig, pénètre entre les cellules corticales sans jamais traverser la paroi (fig. 3). Les ectomycorhizes sont principalement actives sur les arbres et les arbustes des zones tempérées et boréales, notamment les Pinaceae, les Cupressaceae, les Fagaceae, les Betulaceae, les Salicaceae, ainsi que certains arbres tropicaux appartenant aux Dipterocarpaceae et Myrtaceae. Elles impliquent des ascomycètes et des basidiomycètes. Le nutriment principal apporté à la plante est l’azote. Le nombre de champignons ectomychoriziens recensés est d’environ 8000. Des analyses génétiques environnementales indiquent qu’il pourrait y avoir plus de 20000 espèces concernées.
Figure 3 – ectomycorhize formée par Cenococcum geophilum avec le Peuplier, après coloration (Cora Miquel-Guennoc).
Présentons en détail les trois principaux types de mycorhizes :

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Figure 4 – réseaux mycorhiziens en forêt - les filaments des champignons sont représentés par des couleurs différentes selon les espèces et seul un petit nombre d’espèces est dessiné pour des raisons de lisibilité - (Martin F. et Selosse M.A., modifié de Van der Heijden et al.).
 l’endomycorhize arbusculaire : c’est le cas le plus répandu (Fig. 5). Elle implique des champignons Gloméromycètes dont on ne connaît que la reproduction asexuée. Les hyphes s’étendent dans le parenchyme cortical de la racine, formant des vésicules contenant des réserves et des structures ramifiées, lesarbuscules (Fig. 2). Les champignons endomycorhiziens arbusculaires sont des biotrophes obligatoires et sont associés aux racines d'environ 80 % des espèces végétales (ce qui équivaut à environ 90 % de l’ensemble des plantes vasculaires), y compris de nombreuses plantes cultivées, alimentaires ou ornementales. Ils forment des associations avec des arbres fruitiers et une grande partie des arbres tropicaux forestiers. Le nutriment principal apporté à la plante est le phosphore. Par voie morphologique, on recense environ 250 espèces de Glomérales, les estimations génétiques portant ce chiffre entre 340 et 1600, associées à plus de 200 000 espèces végétales.
(a) (b)
Figure 5 – (a) cellules de racine d’Eucalyptus globulus avec arbuscules d’une endomycorhize (Glomus intraradices) (documents.irevues.inist.fr.) et (b) spores de Glomus intraradices (Bothes et al.).

 l’endomycorhize éricoïde : relation symbiotique entre un champignon et la racine d'une plante du groupe des Ericaceae (bruyères, callunes (fig. 6), myrtilles), qui vivent dans des milieux très pauvres et comportent de fines racines auxquelles se rattache le mycélium de minuscules champignons. Ce mycélium permet aux plantes de prospecter de plus grandes zones pour trouver de la nourriture. Les hyphes forment des pelotons dans les cellules des racines de faible diamètre. Elles impliquent principalement des ascomycètes et quelques basidiomycètes. Les mycorhizes éricoïdes sont considérées comme essentielles au succès de la famille des Ericaceae dans une grande variété d'environnements et de stress abiotique du sol. Le nutriment principal apporté aux plantes est l’azote. Pour 3900 espèces végétales, il y a au minimum 150 espèces fongiques.
- 61 -
Figure 6 – callune en fleur.
Citons encore la mycorhize des orchidées qui concerne de 20 000 à 30 000 espèces de plantes et
dont le nombre total de champignons impliqués peut atteindre 25 000, voire plus.
 Certains arbustes et arbres, ainsi que quelques plantes herbacées peuvent former à la fois des mycorhizes arbusculaires et des ectomycorhizes, soit simultanément au sein du même système racinaire, soit à des stades de vie différents ou dans d’autres environnements. Les plantes à double mycorhize sont considérées comme rares et inhabituelles. Citons Aulne, Bourdaine, Érable champêtre, Frêne élevé, Merisier, Noyer, Peuplier.
 Quelques gymnospermes comme les Podocarpaceae, les Araucariaceae et les Phyllocladaceae, sont connus pour présenter des renflements racinaires envahis par des champignons endomycorhiziens, appelés myconodules ou pseudonodules.
 Dans le cas des plantes à nodules fixatrices d’azote, soit par un Rhizobium (légumineuses), soit par une actinomycète (Frankia), la symbiose mycorhizienne et l'association avec les bactéries sont en fait indissociables.
 Certaines plantes ne forment pas de mycorhizes. C'est le cas des joncs, des nénuphars et des nymphéas qui vivent les pieds dans l’eau et de trois autres familles : les Brassicaceae (choux, navets, radis...), les Chenopodiaceae (épinard, betterave...), et les Polygonaceae (oseille, rhubarbe...), qui compensent l’absence de symbiose par la formation de racines possédant de très longs poils absorbants.
En complément, rappelons qu’il existe aussi des champignons endophytes qui jouent un rôle important vis-à-vis des plantes. En effet, ils vivent dans les tissus de ces dernières sans leur causer de maladie, les protègent par l’apport de substances insecticides et fongicides, stimulent leurs défenses et reçoivent des nutriments en retour. Dans le sol vivent aussi des champignons saprophytiques et d’autres micro-organismes, le tout interagissant entre eux et avec les mycorhizes.
V – Stockage du CO2 dans le sol
Observations :
Les scientifiques ont depuis longtemps compris que la symbiose mycorhizienne permettait
d'augmenter le potentiel de la végétation à éliminer le
CO2
de l'atmosphère et à le stocker dans les
Photo Daniel SUGNY

- 62 -
sols. Mais, en raison de la complexité de ces relations et de la multiplicité des espèces concernées,
aucune étude n’avait permis de déterminer précisément le lieu de ces végétations ni leur impact CO2
Si ce phénomène était déjà connu, une étude publiée dans la revue scientifique «Nature Communications » révèle que les plantes ayant une relation particulière avec certains champignons sont capables d’accumuler d'énormes quantités de CO2. Il est donc nécessaire de protéger les écosystèmes abritant ce type de relation en priorité. Grâce au stockage du carbone lié à l’activité fongique et au fait qu’environ 25 % de toutes les espèces de la planète vivent sous terre, des scientifiques estiment que 75 % de tout le carbone terrestre est contenu dans le sol. Pour parvenir à ce résultat, des chercheurs ont mené des enquêtes à l'échelle planétaire. Ils ont ainsi créé des cartes détaillant la répartition des différentes végétations mycorhiziennes dans le monde, avec pour but d’élaborer des stratégies concernant l'utilisation des terres afin de lutter contre l'augmentation du CO2 atmosphérique, et donc contre le réchauffement climatique. L'étude montre que les forêts boréales(que l'on trouve principalement au Canada et en Russie) sont presque à 100% ectomycorhiziennes, les forêts tempérées possèdant entre 50 et 80% de plantes ectomycorhiziennes et la majorité des forêts tropicales et subtropicales en abritant jusqu'à 50%. Il y a donc plus d’endomycorhizes sous les tropiques qu’ailleurs. Quant aux prairies et terres agricoles, elles ne sont jamais ectomycorhiziennes. L'analyse de ces cartes a permis aux scientifiques de parvenir à deux
conclusions :
global sur le stockage du
atmosphérique. Or nous savons dorénavant que la végétation
ectomycorhizienne est, de loin, la plus efficace pour emmagasiner le carbone dans le sol.
1) les écosystèmes qui abritent ces symbioses ectomycorhiziennes parviennent à capturer 350 gigatonnes de carbone à l'échelle mondiale. À titre de comparaison, les autres types de végétations ne stockent que 29 gigatonnes de carbone.
2)l'activité humaine (urbanisation, agriculture, constructions d'infrastructures, etc.), a considérablement endommagé ces écosystèmes.
VI – Constat de l’endommagement d’une grande partie des écosystèmes terrestres
Le principal problème est lié au développement des cultures dans le monde entier et à l’utilisation des engrais et autres produits phytosanitaires. À cause de ces pratiques, l'humanité a endommagé 50 à 75% des écosystèmes terrestres et a diminué le potentiel des végétations ectomycorhiziennes à stocker du carbone dans le sol, ce qui a mécaniquement contribué à l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère. Or nous avons aussi besoin de ces terres agricoles pour assurer la sécurité alimentaire. La conclusion est évidente : puisque tous les réseaux fongiques vont être perturbés par le réchauffement climatique, non seulement il faut protéger ces écosystèmes, mais il faut aussi tenter de les restaurer, en particulier dans les zones de terres arides et de terres agricoles abandonnées. On pourrait envisager de recouvrir la planète de végétation ectomycorhizienne, mais cela ne suffirait pas.
En effet, chaque mètre carré de sol recouvert de plantes ectomycorhiziennes ne permet de stocker qu’une dizaine de kilos de carbone. Si une surface grande comme la France en était entièrement recouverte, ce qui était en partie le cas avant l'apparition de l'agriculture, cela permettrait de stocker environ 6,4 gigatonnes supplémentaires, soit une augmentation de seulement 0,25% du stock mondial (2700 gigatonnes). Piéger du carbone dans le sol est un processus très long qui peut prendre plusieurs dizaines, voire centaines d'années. La priorité est donc bien de protéger les zones naturelles, notamment les forêts boréales qui contiennent 20% de plus de carbone que les forêts tempérées et tropicales et constituent la plus vaste étendue boisée continue de la planète. Elles disparaissent pourtant une fois et demie plus vite que le poumon vert d’Amérique du Sud.
VII – Stratégies mises en œuvre
Actuellement, les stratégies ayant pour but d’atténuer les effets néfastes du dérèglement climatique, dont les programmes de conservation et les efforts de restauration, négligent la fonge et

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se concentrent principalement sur les écosystèmes hors sol. C’est très dommageable car la destruction des réseaux fongiques accélère le changement climatique et la perte de biodiversité en perturbant les cycles vitaux des nutriments dans le monde. Ces réseaux devraient être considérés comme un bien public mondial à cartographier, à protéger et à restaurer d’urgence. Or, nous détruisons les réseaux fongiques de la planète à un rythme alarmant. Selon les tendances actuelles, plus de 90 % des sols de la Terre seront dégradés d’ici 2050. Les modes de gestion modernes, de l’agriculture à la sylviculture, n’ont pas tenu compte de la vie dans le sol. S’il est vrai que les champignons mycorhiziens peuvent fournir jusqu’à 80 % des nutriments d’une plante, les pratiques agricoles intensives telles que labourage profond et application démesurée d’engrais chimiques, de pesticides et de fongicides, réduisent considérablement l’abondance, la diversité et l’intégrité physique des réseaux fongiques.
L’exploitation forestière fait des ravages sous terre, réduisant l’abondance des champignons mycorhiziens jusqu’à 95 % et la diversité des communautés fongiques jusqu’à 75 % dans certains cas. Une vaste étude publiée en 2018 suggère que la « détérioration alarmante » de la santé des arbres en Europe a été causée par une perturbation de leurs relations mycorhiziennes, liée à la pollution par l’azote provenant de l’utilisation de combustibles fossiles et d’engrais agricoles. Lorsque nous détruisons les réseaux fongiques, nous sabotons les efforts destinés à limiter le réchauffement de la planète. À l’échelle mondiale, au moins 5 milliards de tonnes de dioxyde de carbone sont séquestrés dans des réseaux mycorhiziens chaque année, une quantité à peu près équivalente à la quantité de dioxyde de carbone émise annuellement par les États-Unis. Mais une libération de seulement 0,1% du carbone actuellement stocké dans les sols européens équivaut aux émissions annuelles de 100 millions de voitures.
Notons également que le réchauffement climatique affaiblit beaucoup d’arbres du fait des variations hydriques importantes et des températures élevées, malgré la protection par les mycorhizes. Les arbres épuisés ne peuvent plus efficacement se défendre contre les agents pathogènes qui se développent de façon alarmante. Il s’agit notamment d’oomycètes pathogènes (pseudomycètes) dont une large partie provient de l’importation de plants, insuffisamment contrôlés. Citons pour exemple Phytophthora ramorum, un oomycète qui attaque de nombreuses espèces ligneuses forestières et ornementales (environ 120 espèces, dont le Chêne, le Hêtre, le Sapin, ...). Les coupes à blanc et les incendies (en Australie, en Californie, dans certaines régions de France) causent des dommages considérables.
Les processus de restauration des écosystèmes forestiers devraient intégrer autant les éléments arborés que les éléments édaphiques associés, champignons mycorhiziens et autres microorganismes de la rhizosphère. L’utilisation de plantes mycorhizées constitue un net avantage pour aider les boisements à survivre dans des environnements dégradés et pour stabiliser la structure des sols.
Les champignons mycorhiziens sont des organismes clés de la biodiversité planétaire. Lorsque nous les perturbons, nous compromettons la santé et la résilience des organismes dont nous dépendons. À l’heure actuelle, l’accent mis sur la biodiversité hors sol néglige plus de la moitié des écosystèmes souterrains. Les réseaux fongiques mycorhiziens et les flux et processus de nutriments qu’ils génèrent sont aussi précieux que l’air pur et l’eau propre. Depuis des millénaires, dans de nombreuses régions du monde, l’agriculture traditionnelle et les pratiques de gestion des terres contribuent à la santé du sol et, par conséquent, soutiennent implicitement les relations fongiques des plantes. Mais au cours du XXe siècle, l’Homme a changé de comportement, ce qui l’a conduit à la situation actuelle. Des organisations comme la Society for the Protection of Underground Networks (Spun), la Fungi Foundation et GlobalFungi défendent les écosystèmes des sols et contribuent à l’effort mondial massif d’échantillonnage pour créer les cartes des réseaux fongiques de la Terre. Ces cartes aideront à cartographier les propriétés des écosystèmes souterrains, comme les points chauds de la séquestration du carbone et à documenter les nouvelles espèces fongiques capables de résister à la sécheresse et aux températures élevées.
Les chercheurs seront en mesure de suivre la distribution des réseaux fongiques au fil de leur évolution, en réponse aux changements climatiques et aux modèles d’utilisation des terres, comme ils le font déjà pour la végétation mondiale, les climats et les courants océaniques. Une connaissance plus approfondie de ces systèmes vivants dynamiques soutiendra les projets et les politiques de

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conservation qui visent à mettre fin à leur destruction et à encourager leur rétablissement, tout en stimulant l’innovation indispensable dans la science et la technologie des écosystèmes souterrains. Les réseaux mycorhiziens ont longtemps soutenu et enrichi la vie sur notre planète, il est temps qu’ils reçoivent l’attention qu’ils méritent.
VIII – Situation des sols agricoles en France métropolitaine
Les sols agricoles sont fortement endommagés suite à l’abus d’engrais et de pesticides induisant une réduction significative des populations endomycorhiziennes. En effet, la diversité des champignons formant des mycorhizes à arbuscules est un indicateur de la qualité biologique des sols. Des kilomètres carrés de bonnes terres sont sacrifiés chaque année pour la construction de routes et d’immenses hangars (perte de 60 000 ha/an en France), L’artificialisation a aussi des conséquences sur l’environnement : en imperméabilisant certains sols, elle peut accélérer le ruissellement des eaux pluviales et la vulnérabilité des territoires aux inondations. Elle est considérée également comme l’un des principaux facteurs de réduction de la biodiversité. L’agriculture intensive est responsable d’une érosion par le vent et l’eau, d’autant plus que les sols sont de moins en moins mycorhizés. La destruction des haies en France (70% depuis le milieu du XXe siècle), accélère encore ce processus.
Cependant, certains ont le courage et la volonté de prendre un tournant pour pratiquer une agriculture raisonnée. Face aux dérèglements environnementaux, les arbres font leur retour dans les champs. Ces arbres créent un microclimat, protégeant les cultures et les animaux du vent, du soleil et de la chaleur. Ils permettent donc de limiter l’effet des intempéries sur les productions agricoles. Les arbres agroforestiers stockent le carbone atmosphérique dans leurs troncs et branches, mais aussi et surtout dans le sol, comme toute association arbre-champignon.
Rôle des endomycorhizes en agriculture
Les endomycorhizes à arbuscules forment une symbiose avec de nombreuses plantes herbacées cultivées et des arbustes. Ces plantes ont des relations symbiotiques avec les Glomérales (Fig.7) :
 Poaceae : graminées de nos prairies, graminées cultivées : blé, riz, maïs, etc.,
 Fabaceae : soja, haricots, pois, lentilles, fèves, tournesol, luzerne, etc.,
 cultures légumières : pommes de terre, tomates, oignons, poireaux, concombres, etc.,
 cultures horticoles : oeillets, géraniums, rosiers, etc.,
 cultures fruitières : fraisiers, framboisiers, mûriers, pommiers, pruniers, cerisiers, etc..
Nous commençons à réaliser les impacts de l’altération de la biodiversité des sols sur la qualité des aliments et la santé humaine. La contribution la plus largement appréciée des champignons endomycorhiziens à arbuscules, les Glomérales, est leur capacité d’améliorer l’absorption des nutriments des plantes, en particulier du phosphore, puis de l’azote, souvent de manière moins efficace et d’autres minéraux. En respectant les champignons mycorhiziens, la quantité d’engrais peut être significativement réduite. La réduction de la quantité de nutriments perdus par lessivage constitue un enjeu majeur. Dans une culture peu mycorhizée, environ 15% des phosphates apportés sont lessivés, passent dans les couches inférieures du sol, dans les nappes phréatiques ou les cours d’eau. Les champignons diminuent la lixiviation des nutriments non seulement par le développement d’une mycorhizosphère, mais aussi grâce à l’absorption accrue des substances nutritives, à l’amélioration de la structure du sol et à la promotion de la communauté microbienne avec immobilisation des nutriments. Des glycoprotéines du groupe des glomalines sont des substances gluantes produites par les champignons mycorhiziens arbusculaires. Elles sont importantes pour la structuration du sol, la protection des hyphes, la rétention d’eau. Ces composés favorisent la transformation du carbone en formes stables, assurant ainsi la santé des sols et la réduction des émissions de CO2. Une telle mycorhization offre une protection contre les attaques d’agents pathogènes.

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Figure 7 – effets des mycorhizes : chaque plant a plusieurs mycorhizes et les mycorhizes de plantes voisines forment un réseau (Novasem).
Il convient d’utiliser et de valoriser les ressources endémiques de micro-organismes symbiotiques dans les agrosystèmes. L’application démesurée d’engrais minéraux réduit le nombre de Glomérales. En effet, la plante peut pomper directement ces substances solubles et « ne voit plus l’utilité » de nourrir les champignons mycorhiziens. Ceux-ci auront du mal à survivre à des doses massives de pesticides et fongicides. Par des irrigations abusives, on participe à l’érosion des sols, victimes aussi des vents en zones non couvertes. En introduisant des champignons endophytes dans les cultures, il est possible d’augmenter leur résistance non seulement aux agents pathogènes mais aussi à la sécheresse et aux chocs thermiques. Il n’y a actuellement pas d’extinction massive de la biodiversité des sols et il est encore possible de la réveiller par un labour moins profond et l’utilisation d’engrais organiques.
IX – Situation des forêts en France métropolitaine
Environ 30 % du territoire national est recouvert de forêts, dont 3⁄4 privées, ce qui peut paraître important, mais les plantations en monoculture de résineux sont qualifiées de « forêts », ce qui ne reflète pas la réalité. En effet, si les réseaux mycorhiziens peuvent être très développés dans des forêts mixtes, il n’en est pas de même dans les plantations monospécifiques. Les plantations de Douglas [Pseudotsuga menziesii (Mirb.) Franco], par exemple, qui ont gagné du terrain (plus de 100 000 hectares en 30 ans), peuvent, certes, former des mycorhizes, mais de façon beaucoup moins diversifiée qu’une forêt mixte. D’autre part, peu d’autres plantes peuvent survivre sous leur canopée dense. Ces plantations représentent un appauvrissement pour les réseaux souterrains. De nombreuses parcelles forestières ont été et sont encore arrachées par de puissantes machines, sans aucun respect pour la végétation préexistante et le sol. La matière organique de ces sols, dont les mycorhizes, se décompose et devient une source importante de CO2 durant des années, voire des décennies, surtout si le sol est labouré en profondeur. L’énergie produite par le bois est considérée comme renouvelable et constitue, actuellement, la part la plus importante des énergies dites renouvelables en France. C’est pourtant un déséquilibre du bilan carbone car les forêts émettent beaucoup de CO2 quand elles sont détruites, incendiées ou victimes d’attaques massives de ravageurs. Certes, un arbre planté peut absorber le carbone émis par un arbre coupé, mais en combien de temps ? Il faudra des décennies, voire dans certains cas plus d’un siècle. Or, lors de la combustion, le bois émet davantage de CO2

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que toutes les autres sources fossiles pour produire la même quantité d’énergie. A court terme, brûler du bois génère davantage de gaz à effet de serre que brûler du charbon ou du gaz. Pourtant les coupes d’arbres se sont intensifiées ces dernières années et une partie est exportée, notamment vers la Chine. Le réchauffement climatique et son corollaire les périodes longues de sécheresse, vont changer le paysage sylvicole. Les forêts sont plus sensibles à la récurrence des sécheresses plutôt qu’à leur intensité. Les ectomycorhizes peuvent servir de tampon jusqu’à un certain stade. Au-delà, leur sort est lié au partenaire végétal. Les arbres consomment beaucoup d’eau (à titre d’exemple, un sapin des Vosges peut requérir jusqu’à 320 litres/jour). La forêt française se trouve face à une transition "imprévisible".
Si les aires de répartition étaient fortement modifiées :
 les chênes sessiles et pédonculés verraient leur aire actuelle devenir inhospitalière sur un tiers de sa superficie,
 le retrait du Hêtre pourrait concerner les deux tiers de son aire actuelle, avec un repli vers les massifs montagneux et le nord-est de la France,
 le Sapin pourrait subir un recul de l’ordre de 60 %, sur ses marges méridionales et à basse ou moyenne altitude,
 l’Épicéa devrait se replier dans l’étage subalpin, sur seulement un dixième de la surface qu’il occupe actuellement.
Il en irait de même pour le Bouleau, le Charme, le Châtaignier, etc.. En revanche, le Chêne vert et le Pin maritime verraient leurs aires s’étendre. Un cumul de déficit hydrique peut affaiblir la vitalité des arbres, les rendre plus vulnérables aux attaques de ravageurs. Les agents pathogènes se multiplient, certains ayant même été importés. Des espèces ligneuses essayent d’y faire face : le Châtaignier lutte contre la maladie de l'encre, provoquée par Phytophthora cinnamomi, P. cambivora (deux oomycètes), Cryphonectria parasitica, agent du chancre et, depuis 2007, contre le cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus Yasumatsu). Le Frêne lutte contre la chalarose du Frêne (Hymenoscyphus fraxineus), et bien d’autres essences présentent des pathologies inquiétantes. Beaucoup de champignons, d’oomycètes et d’insectes sont en cause, ces organismes étant d’autant plus dangereux que les arbres sont affaiblis. Des surfaces de plus en plus grandes de forêts brûlent et des forestiers craignent que la forêt vosgienne ne s’embrase lors des canicules. Des milliers d’hectares partent en fumée chaque année en France. Le changement climatique augmente la fréquence et la gravité des conditions de déclenchement des incendies. Quelle sera l’évolution de la fonge symbiotique dans ces territoires ? Qu’en sera-t-il du bilan carbone ? Et si le changement climatique se transformait en un basculement ? Des recherches sont effectuées, notamment dans 75 parcelles des Vosges, avec des essences qui devraient être plus résistantes à l’augmentation des températures et à des phases d’intense sécheresse,. Va-t-on se limiter à des essences européennes ? Qu’en est-il de la fonge ? Faut-il replanter les forêts décimées ou ne vaut-il pas mieux laisser faire la Nature qui a une remarquable capacité de résilience ?
X – Rôle des zones humides
Les zones humides (marais, tourbières, prairies humides, lagunes, mangroves, estuaires, rizières, etc.) jouent un rôle important dans le stockage du CO2. Il s’agit de terres recouvertes d’eaux peu profondes ou imprégnées d’eau de façon permanente ou temporaire. Les tourbières, malgré leur faible surface (3 % des terres émergées de la planète) renferment 30 % du stock de carbone des sols mondiaux. Face au changement climatique, à l’augmentation de la demande en eau et aux risques accrus d’inondations et de sécheresse, les zones humides ont un rôle essentiel à jouer dans le développement durable. Après un constat alarmant - la disparition de 50% de la surface des zones humides en France entre 1960 et 1990 - une dynamique en leur faveur est observée depuis plusieurs années. Les tendances au niveau mondial sont en revanche alarmantes. Ces écosystèmes jouent un rôle majeur dans le cycle de l'eau. Le drainage ou le réchauffement du climat provoquent une

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décomposition et une fonte de la tourbe, suivies du relargage de CO2 et de CH4 dans l’atmosphère. Signalons les effets dramatiques des incendies de tourbières, tant en Sibérie qu’en Malaisie et Indonésie.
XI – En conclusion
Mark Tercek, ancien responsable de « Nature Conservancy » a déclaré : « Les réseaux fongiques (fig. 8) sous-tendent la vie sur Terre. Si les arbres sont les « poumons » de la planète, les réseaux fongiques en sont les « systèmes circulatoires ». Ces réseaux sont en grande partie inexplorés. Nous ne pouvons plus considérer une plante de façon individuelle mais comme associée à des champignons (un holobionte). Le maintien des réseaux communs mycorhiziques est capital pour les plantes, pour la structure des sols, pour le climat, ainsi pour notre survie. Sans mycélium, aucune communauté végétale ne pourrait exister. Le sol, ensemble vivant, est le principal puits à carbone des terres émergées ; il doit être respecté. Trop de forêts ont été abattues, d’autres incendiées et l’agriculture intensive arrive à ses limites et endommage.
Figure 8 – réseaux fongiques souterrains (Trustmyscience).
Conscients du rôle primordial de la fonge et en particulier des mycorhizes dans la lutte contre le réchauffement climatique, des mycologues, des écologistes, des biochimistes et des agronomes intensifient les recherches. En France, plusieurs groupes de chercheurs développent des projets portant sur cette problématique. L'ensemble, de haute complexité, est capital pour notre avenir. Citons pour l’Est un projet ambitieux sur la biologie évolutive des champignons symbiotiques du groupe « Interactions arbres - micro-organismes » de l’INRAE-Université de Lorraine (Nancy). Le projet national « 4 pour cent » a pour objectif de protéger et même d’accroître le stockage de carbone. Ce projet montre l’importance de politiques publiques pour favoriser le maintien des prairies permanentes, des zones humides et des forêts où les sols ont généralement des stocks de carbone élevés, ainsi que pour stopper l’artificialisation des sols. Ces politiques complètent celles visant l’augmentation des stocks de carbone là où ils sont faibles, c’est-à-dire essentiellement en zone de grandes cultures. Mais n’oublions pas le rôle des sociétés et fédérations naturalistes pour aider les acteurs de l’environnement à protéger des zones naturelles. Dans ce cadre, la Fédération mycologique de l’Est (F.M.E.) a développé un partenariat avec le Conservatoire des Espaces Naturels de Franche-Comté pour protéger des pelouses naturelles maigres situées dans la zone péri- vosgienne.
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melano
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Re: Actu autour de la truffe

Message par melano »

Merci Bernard et merci Yves.

Fred
jj24
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Re: Actu autour de la truffe

Message par jj24 »

Bonjour,

Merci Bernard, merci Yves!
JJ24
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