Ce soir j'ai envie de déterrer ce post pour y mettre un poème non pas dédié à la truffe mais aux arbres. La truffe ne serait pas sans l'arbre, donc je pense que ce poème peut avoir sa place ici. D'autant qu'il pourrait sûrement y être fait une allusion à la truffe en le retravaillant un peu. Si M.M. l'administrateur et les modérateurs jugent du contraire, ils ont toute liberté de supprimer mon message :
Toujours, passant près de ce grand et vieil arbre rongé par le lierre, je l’entends gémir.
Ses plaintes vont et viennent, tantôt doucement modulées, tantôt plus grinçantes, au gré des sautes du vent.
À chaque fois surprise, même effrayée, je m’attends à trouver dans son entourage, quelqu'animal agonisant.
Mais non, c’est lui qui, inlassablement, tour à tour pleure et se lamente, en se balançant doucement.
Bien des nuits où la tempête s’est déchaînée, j’ai pensé à lui, à l’abri tout au fond de mon lit.
Mais au matin, à chaque fois, il était debout, défiant le temps et se jouant encor du vent.
Puis, une nuit, la tempête a fait rage. Les vents hurlants n’ont cessé, progressivement, qu’avec l’aube blanchissante.
Et là, consternée, j’ai vu…
J’ai vu le grand et vieil arbre, ce même arbre qui avait vu passer tant de saisons… Celui-là même qui attendait, année après année, le retour d'un printemps qu’il savait inexorable, pour sentir une nouvelle fois encore monter la sève au sein de ses nobles veines…
Il était là, gisant lamentablement sur sa terre, il y a peu nourricière.
J’ai vu, comme on voit un mauvais présage, ses racines entrelacées, grimaçantes, propulsées hors de leur litière protectrice, comme autant de menaces brandies…
Le vieil arbre gémissant n’était plus.
Puis, inexorablement, le printemps est revenu.
Bien vite, la vie a repris ses droits sur le vieil arbre mort...
Et avec le renouveau, la végétation foisonnante lui a promptement offert, la plus belle des sépultures qui soit.
